Temps de lecture : 9 minutes
Vous réussissez ce que vous entreprenez mais vous ne parvenez pas à être vraiment fier de vous ?
Vous éprouvez une gêne en recevant des compliments (dans votre vie professionnelle ou personnelle) car vous avez l’impression de ne pas les mériter ?
Vous vous dites toujours que vous auriez pu « faire mieux » même si vos résultats sont très bons ?
Vous avez la sensation que vos collègues, vos clients ou vos proches surestiment vos capacités ?
Vous minimisez souvent vos réussites au profit d’un « coup de chance » ?
Éternel insatisfait ? Excès de modestie ? Non, les raisons sont bien plus profondes…
Vous ne me feriez pas une petite crise du syndrome de l’imposteur, par hasard ? 🤔
Si c’est le cas, sachez que je vous comprends… Et que ce n’est pas irrémédiable !
Si vous avez lu ma présentation, alors vous savez déjà que j’ai quitté le lycée à l’âge de 17 ans. Vous avez aussi lu que j’ai eu mon équivalent au bac dix ans plus tard. Vous savez également que j’ai tenté une licence de Lettres modernes que j’ai abandonnée avant la fin du premier semestre.
Avant mes formations professionnelles quelques années plus tard, je disposais déjà d’une certaine aisance rédactionnelle et d’une bonne orthographe.
Même si je n’avais pas encore de diplôme, je rendais des travaux de qualité… Pourtant, je ne savais que faire des compliments de ma hiérarchie sur les tâches que j’avais effectuées.
J’ai d’ailleurs toujours eu tendance à me dire que si je pouvais les mener à bien, alors c’était à la portée de tous.
En 2011, j’ai enfin obtenu mon DAEU A avec mention. Devant ma note en français, je me suis dit que j’étais tombée sur un correcteur bien magnanime ou particulièrement de bonne humeur.
Même les certificats que j’ai accrochés au mur pour me rappeler mes compétences validées ne suffisent pas toujours à me rassurer.
En tant que freelance, j’ai connu de très gros moments de doute. Cela m’a poussée (et aujourd’hui encore, je crois) à être perfectionniste. Ce qui, en réalité, n’est pas toujours très productif. C’est véritablement un point sur lequel je dois me pencher !
Et c’est ainsi qu’à chaque fois, je me disais : « J’ai eu de la chance. » « N’importe qui aurait pu le faire. » « J’aurais pu améliorer quelques points. » Etc…
Je n’ai découvert le terme qu’il y a peu de temps, et je m’y suis pas mal retrouvée. Comme ce problème peut toucher n’importe qui, je me suis dit que j’allais écrire un petit article de vulgarisation sur le sujet.
Contents
Qu’est-ce que c’est ?
Aussi appelé « syndrome de l’autodidacte » ou « phénomène de l’imposteur », le syndrome de l’imposteur est une manifestation psychologique.
Rassurez-vous ! Il ne s’agit pas d’une pathologie ou d’un trouble psychique : pas besoin de médication.
Il est plutôt question d’un ensemble de sentiments irrationnels basés sur de fausses idées ou une mauvaise perception de vous-même et de vos capacités.
70% de la population mondiale le subiraient au moins une fois dans leur vie. (Journal of Behavioral Science, 2011.)
Il a été théorisé pour la première fois par la psychologue clinicienne Pauline Rose Clance dans les années 70. Elle a ensuite collaboré avec Suzanne A. Imes lors d’une étude menée sur 150 femmes en 1978. Toutes les participantes étaient reconnues par leurs pairs pour l’excellence de leur travail ou de leurs études.
Pourtant, elles ont attribué leur réussite plus à la chance et à des concours de circonstances qu’à leurs compétences…
Quelles sont les diverses manifestations ?
Quand j’ai ajouté la rédaction au catalogue de mes prestations, je ne me sentais pas très légitime. Pourtant, j’avais déjà effectué ce type de travaux. J’y ai même été formée.
D’ailleurs, à chaque fois que j’ai effectué un nouveau service, je me sentais particulièrement nerveuse. Il m’arrivait souvent de me dire que je ne serais pas à la hauteur de mes propres attentes.
De plus, j’éprouvais une angoisse terrible à l’idée de ne pas satisfaire mes clients. Parfois, ces derniers prenaient un peu de temps à répondre à mes mails après livraison de la prestation. J’étais alors persuadée d’avoir fourni un travail pitoyable. Je me disais que je les avais probablement déçus et qu’ils ne feraient plus appel à moi.
Pourtant, ils ont finalement répondu favorablement à mes demandes de recommandation. Certains d’entre eux m’ont même sollicitée pour d’autres missions, remerciée et félicitée pour le rendu de mon travail !
Alors pourquoi ai-je encore parfois la sensation, lorsqu’on me propose une mission qui me sort un peu de ma zone de confort, de ne pas en être capable ?
Les personnes qui font l’expérience du syndrome de l’autodidacte éprouvent des doutes maladifs quant à leurs capacités. Elles ont tendance à fortement se sous-estimer et à penser qu’au contraire, les autres les surestiment. Elles ont l’impression de tromper leur entourage, personnel ou professionnel, avec des réussites qu’elles ne méritent pas. De ce fait, elles souffrent aussi de la peur d’être « dévoilées » par ces derniers, et que l’imposture soit révélée.
D’après Clance et Imes, il existe quatre comportements :
- Difficultés à accepter ses réussites
- Attribution de ces réussites à des facteurs extérieurs
- Angoisse d’être révélé au grand jour comme un imposteur
- Perfectionnisme
Les personnes touchées par ce syndrome ont donc plus largement tendance à freiner elles-mêmes leur progression socio-professionnelle. Elles ont la sensation constante d’être « en-dessous » de ce qu’on attend d’elles. Aussi, malgré un travail parfois acharné, elles n’osent pas demander de promotion ou d’avancement par peur du refus.
Ce phénomène de l’imposteur peut provoquer :
- Du stress et de l’anxiété, voire de l’angoisse
- Du présentéisme et du surmenage
- Un autosabotage inconscient
- Une autocritique sévère
- Une perte de confiance en soi
- De la procrastination
- Une extrême fatigue
- Une dépression
Quelles en sont les causes ?
Complexes et variés, il existe de nombreux facteurs qui pourraient déclencher un syndrome de l’imposteur.
On peut remonter à l’enfance avec des drivers tels que les injonctions parentales à être parfait. Ce qui, certes, va vous aider à une certaine efficacité et à fournir une grande qualité de travail. Mais cela entraîne aussi une peur profonde de l’échec et un perfectionniste perturbateur.
En évoquant l’enfance et les échecs : ces derniers pourraient aussi entrer dans la composition du problème.
Ce mécanisme psychologique peut également trouver son origine dans la mise en parallèle avec les autres.
Une personne souffrant de ce doute permanent va sans cesse se comparer aux autres et se dévaloriser. Ce qui va les pousser à en faire « toujours plus ».
Une trop haute exigence envers soi-même peut alors conduire au burn-out.
Ces individus, paradoxalement, ont besoin de reconnaissance pour valider leur légitimité. Ils ne se sentent pas toujours à leur place lorsqu’ils occupent un poste à responsabilités car ils ont la sensation d’être des usurpateurs.
Le sentiment d’imposture peut aussi naître de la peur de la critique et du jugement des autres.
Comment savoir si vous êtes concerné ?
Si, parmi les points évoqués, vous vous reconnaissez, vous souffrez peut-être vous aussi de ce phénomène psychologique largement répandu.
Pauline Rose Clance a mis à jour un questionnaire d’autoévaluation, nommé « échelle de Clance » que vous pouvez faire sur ce site trouvé sur Google (de la coach Aurélia da Silva.)
J’ai vérifié : les questions sont bien celles du test officiel que vous trouverez ici si vous préférez le PDF.
La question est alors de savoir : est-ce un état ponctuel ou plus ancré ?
Si votre score à ce test est trop important, il va peut-être falloir vous faire accompagner.
Comment passer au-delà ?
Alors, je ne vous cache pas que ça va demander du travail sur vous-même. Voire beaucoup de travail !
Il va vous falloir remettre en cause ce système de croyances* limitantes qui gâche votre quotidien. Et vous allez devoir le faire tous les jours jusqu’à ce que vous entriez dans un système de pensées positives ou dites aidantes.
Oui, ça fait un peu « gourou » dit comme ça 😅
Mais je vous assure que ça fonctionne quand on a trouvé LE truc qui marche sur soi !
Voici 14 points sur lesquels vous pouvez revenir si vous vous sentez concerné.
- Prendre pleinement conscience du problème et de ses impacts sur la vie quotidienne
- Retrouver votre confiance en vous-même et la cultiver
- Dresser la liste de vos réussites et vos victoires personnelles
- Apprendre à les accepter
- Apprendre à accepter les compliments sans arrière-pensée
- Apprendre à vous féliciter et à vous récompenser
(Sortie ciné, resto, nouvelle coupe de cheveux, balade dans un musée ou même un simple petit thé avec un bon livre… Offrez-vous un moment à vous pour célébrer vos avancements !) - Accepter l’échec
- Accepter que la perfection n’existe pas
- Demander du soutien à vos collègues, votre manager ou à vos proches
- Suivre des formations
- Apprendre à lâcher prise
(Oui, je sais : plus facile à dire qu’à faire ! Essayez la cohérence cardiaque, faites des exercices de méditation quand vous vous sentez surmené.) - Dresser une liste d’objectifs SMART (spécifiques, mesurables, atteignables, réalistes et temporels.)
- Oser communiquer sur vos ressentis
- Écrire si vous n’arrivez pas à parler
*Fontaine (2003) : « Acte de l’esprit consistant à affirmer la réalité ou la vérité d’une chose en l’absence de certitude attestée par l’existence d’une preuve »
Cairn Info, article complet : ici.
Il arrive encore parfois qu’on me propose une mission et que je me retrouve à douter de mes capacités. J’établis alors la liste de tous les projets que j’ai menés à bien. Cela me permet de voir tout ce que j’ai accompli jusque-là. Toutes ces tâches variées que différents clients m’ont confiées. Puis je note leurs retours positifs et je me sens plus confiante pour aborder le travail pour lequel on me sollicite. 💪🏼
Pour conclure
Les causes, les manifestations et les façons de s’en sortir diffèrent d’une personne à l’autre. Vous devrez probablement en essayer plusieurs avant de trouver LA méthode qui vous convient.
Faites-vous accompagner si vous en ressentez le besoin. Il n’y a aucune honte à demander de l’aide. De nombreux spécialistes sont formés sur le sujet. Thérapie, coaching personnel, sophrologie, méditation en pleine conscience… Cela peut vraiment vous faire du bien !
Vous vous êtes reconnu.e ?
Vous avez fait le test de l’échelle de Clance ?
Si oui, quel est votre score ?
Avez-vous des trucs et astuces à partager pour lutter contre ces angoisses ?
Score de 79. La cohérence cardiaque est assez efficace pour moi, testé lorsque j’ai repris des cours de conduite.
Bonjour.
Merci pour votre commentaire et votre petite astuce !
J’espère que les cours de conduite se sont bien passés 😉