Ne faites pas les mêmes que moi !

Temps de lecture : 9 minutes

J’ai vérifié les prix de la concurrence, et j’ai calé ma grille tarifaire en-deçà pour attirer la clientèle.
Première fausse bonne idée 

Avant de demander mon SIRET en 2016, je m’étais beaucoup renseignée sur le métier en freelance. J’avais questionné des professionnels de la correction qui m’ont fourni de précieux conseils. J’avais lu et fait plusieurs études. Passé des insomnies à préparer mon inscription à l’URSSAF, et surtout, plus important, à travailler « l’après immatriculation ».

J’avais planifié qu’il me faudrait quelques mois avant d’avoir une clientèle régulière qui me permette un niveau de vie décent.

Pour ça, je me suis retrouvée à faire de vulgaires erreurs de débutant. Alors, au début :

  • Je n’osais pas tarifer à hauteur du travail effectué
  • Je n’osais pas vraiment dire non ou refuser des délais trop courts
  • Je n’osais pas non plus faire de relances sur des factures impayées
  • Je me disais qu’il fallait accepter quelques concessions

Petit retour sur quelques fausses bonnes idées

Ne vous bradez pas !

Quand on commence, on a tendance à faire des prix plutôt bas pour tenter de convaincre les prospects.
(Ou même plus tard si, comme moi, vous souffrez un peu du « syndrome de l’imposteur ».)

J’avais vérifié les prix de la concurrence, et calé ma grille tarifaire en-deçà dans l’espoir d’attirer une clientèle en BtoC. (J’avais tout de même dans l’idée de travailler avec des magazines, des maisons d’édition ou des entreprises en besoin de correction.)

C’était ma première erreur… Mais cela a été rectifié.
Quant à vous, vous pouvez lire ce qui suit pour ne pas commettre la même !

Pour fixer vos prix, vous devez :

  • Bien analyser votre secteur
    (Renseignez-vous sur l’offre et la demande, la concurrence et vos possibilités de positionnement sur votre marché.)
  • Lire tout ce que vous trouverez sur le sujet
    (Oui, même les études ou infographies rébarbatives !)
  • Ne pas hésiter à contacter les professionnels du même domaine, sur LinkedIn par exemple
  • Suivre des influenceurs du milieu sur les réseaux sociaux
  • Ne pas regarder le temps passé à faire des recherches
  • Veiller à ce que fait votre concurrence
  • Apporter une véritable plus-value
  • Tirer une juste rémunération pour votre expertise.

Vous brader ne vous démarquera pas au milieu de tarifs plus élevés.

⚠️ Au contraire, les prospects se disent souvent qu’un prix trop bas implique une basse qualité de service.

Votre image de marque passe aussi par une grille tarifaire qui démontre une certaine expérience / formation dans le milieu.

Trouvez les bons tarifs

À la tâche, au contrat, au forfait, à l’heure, à la journée… C’est à vous de définir vos prestations et le temps dont vous avez besoin pour les réaliser.

Mise en contexte personnelle…

Vous devez savoir que les maths sont mon point faible. Mais VRAIMENT ! C’est même ma kryptonite. Une simple soustraction niveau CE1, et me voilà perdue.
Vous m’imaginez, là, en train d’essayer de résoudre des calculs improbables avec la calculette de mon PC ? À dresser des tableaux Excell ? L’enfer !

J’ai donc passé des heures à faire des recherches. Je montais ou baissais mes prix suivant ce que je voyais sur Internet.

À chaque nouveau client, j’avais un mal fou à évaluer financièrement mon travail. J’avais toujours cette sensation de trop demander alors que j’étais déjà dans les prix les plus bas du marché…

Puis, au bout de quelques mois, je suis quand même parvenue à trouver un juste équilibre entre la qualité de travail que je fournis, le temps que j’y passe et la rétribution financière que j’en attends.

Enfin, j’ai procédé à une dernière étude, et établi définitivement mes tarifs en BtoC comme en BtoB.


Si vos prix sont susceptibles d’évoluer, pensez à le stipuler dans vos CGV. (Nous allons brièvement voir le sujet un peu plus loin dans cet article.)

Pour m’arrêter sur une grille tarifaire cohérente, j’ai pris plusieurs facteurs en compte :

  • Les cotisations à l’URSSAF
    (Eh oui, il faut y penser : après abattement, votre CA sera forcément plus bas que stipulé sur vos factures !)
  • Le temps de travail selon la prestation demandée
    (Dans mon domaine, je prendrai forcément davantage de temps pour corriger tout un roman, là où quelques heures me suffiront pour relire un programme événementiel.)
  • Les compétences demandées pour une prestation
    (Par exemple, une relecture, une biographie ou une rédaction web ne font pas appel aux mêmes aptitudes et ne demandent pas le même travail. Il est donc normal de ne pas les facturer sur le même tarif.)
  • La valeur du travail
    (Quand on est consciencieux, appliqué et investi, là aussi, on doit facturer à la hauteur de la qualité qu’on fournit.)

Osez facturer votre expertise

Vous avez fait des études pour exercer cette profession ? Vous avez des années d’expérience dans le domaine ? Vous êtes précis, minutieux, doté d’une réelle conscience professionnelle ? Vous rendez toujours vos commandes en temps et en heure ? Vos anciens clients vous recommandent chaudement ?

Assurez-vous de bien facturer à hauteur de votre expertise et de votre professionnalisme !

Une fois votre grille tarifaire justement établie, n’ayez pas peur de vous affirmer.

Un client en recherche d’un expert (ce que vous êtes !) acceptera le juste prix que vous lui proposerez pour un service au fini impeccable.

Osez imposer un acompte

Là aussi, j’ai eu besoin de quelque temps pour pouvoir déclarer très sérieusement et sans avoir la sensation d’être un peu avare : « Oui, 50%, c’est bien le prix de l’acompte. » et « non, je ne commencerai qu’à réception de cet acompte. »

Je n’en demandais pas tant au démarrage de mon activité. La facture était à régler entièrement dans les 30 jours suivant la livraison de la prestation.

Malheureusement, cela ne s’est pas toujours aussi bien passé !

Devant le nombre de défauts de paiement pour un travail effectué et livré, j’ai voulu être claire dès le départ.
Je demande donc la moitié du prix total de la prestation. Le prospect refuse ou accepte ce terme lors de la signature du devis.

Un client qui a versé 50 % pour une prestation paiera le reste à régler pour récupérer son service. Cela montre son engagement envers la marque.
(En l’occurrence, la vôtre, celle qui fait appel à vous, ou la mienne ! 😊 )

Pensez à le préciser à votre client lors de vos échanges par mail ou téléphone.

N’oubliez pas de le spécifier sur le devis et dans vos conditions générales de vente.

Rédigez des CGV claires

Étape un peu fastidieuse mais indispensable puisque d’obligation légale : la rédaction de vos conditions générales de vente !

Elles sont essentielles car :

  • Elles indiquent en détail vos conditions de travail
  • Elles instaurent un cadre légal à votre activité
  • Elles assurent la transparence de votre entreprise
  • Elles permettent de vous conformer aux lois et réglementations en vigueur dans votre secteur.

Vous trouverez plus d’infos sur le sujet en lisant cet article, du site de Legalstart.

Et transmettez ces CGV en même temps que votre devis, cela pourrait vous éviter quelques déconvenues.

Osez refuser de travailler dans l’urgence

Prenez le temps de bien faire, sans trop traîner !

Rappelez-vous, je vous en parlais dans cet autre article !
Quand on m’a demandé de corriger un roman en 4 à 6 heures, je me suis tout de suite alarmée. Est-ce moi qui suis bien trop lente ou cette demande n’avait-elle vraiment aucun sens ?

Ou cette autre cliente qui trouvait qu’une semaine et demie pour corriger un livre de 300 pages était un trop long délai…

Naïvement, j’ai tout de même exécuté les prestations. Je me suis donc dépêchée. Incapable de ne passer que 6 heures sur un manuscrit, j’y suis restée de 5 H du matin à 18 H. Beaucoup de café a coulé en ces heures sombres ! ☕

J’ai parfois accepté de gérer des deadlines improbables. J’en oubliais de manger, juste pour terminer ce que j’avais commencé.

J’ai eu besoin de deux ans pour apprendre à dire « ce délai n’est pas possible pour moi ».

Je sais qu’il n’est pas facile de négocier ou laisser passer un contrat.
Mais parfois, ce travail qu’on vous demande est le projet de trop. Peut-être pouvez-vous voir avec votre client si un délai plus important est possible ?

Ou encore, si votre rythme ne correspond pas à ce qu’on vous propose, n’ayez pas peur d’apprendre à imposer, là aussi, une deadline un peu plus lointaine.

Mais n’oubliez pas non plus que vous pouvez aussi refuser, tout simplement.

Savoir dire « non » aide à se préserver du burn-out.

Nous ne sommes pas des machines. Il faut parfois savoir mettre le holà à des demandes irréalisables ou qui le sont aux dépens de votre santé.

Osez relancer

Je vous le disais en début d’article : j’ai mis pas mal de temps à oser envoyer des relances pour factures impayées. J’avais la sensation de mendier mon propre argent ! À tel point que j’avais définitivement tiré un trait sur l’idée d’être payée pour une prestation…


Pourtant, il existe la loi LME (Loi de Modernisation de l’Économie) adoptée en 2008, et la loi Sapin II de 2016 sur lesquelles vous pouvez vous appuyer.

Ces dernières stipulent que vous pouvez demander une indemnité forfaitaire pour frais de recouvrement, à hauteur de 40 €. Celle-ci est due de plein droit dès le premier jour de retard de paiement.
Je vous invite vivement à en faire mention sur vos devis et factures.

« Sauf accord entre les parties, le délai de règlement est fixé à 30 jours à compter de la date de réception des marchandises ou d’exécution de la prestation. le délai convenu entre les parties ne peut dépasser 60 jours à compter de la date d’émission de la facture. » précise le Ministère de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique.

Si vous souhaitez en savoir plus, c’est ici !

Alors, n’hésitez plus : vous êtes dans votre droit. 💪🏼

Osez téléphoner, envoyer des mails et le fameux petit courrier recommandé avec accusé de réception si vos précédentes relances à l’amiable n’ont pas fait effet.

Osez ne pas être disponible H24

Selon la loi Travail (ou loi El Khomri) de 2016, article 55, vous avez le droit de vous déconnecter pour préserver votre vie privée et familiale.
Certes, cette loi s’adresse plus aux salariés qu’aux freelances.

Et pourtant, il est bon de l’appliquer même lorsqu’on est entrepreneur individuel !

Oui, vous avez le droit de ne plus répondre au téléphone après 18 H si vous estimez votre journée terminée ou que vous avez besoin de calme pour continuer un travail.
Vous avez le droit de ne pas regarder votre boîte mail pro toutes les dix minutes.
Vous avez le droit d’être malade.
Vous avez le droit de prendre des pauses tout au long de la journée.
Vous avez le droit de prendre votre week-end pour vous ressourcer, et même des vacances.

Ce n’est pas parce que vous serez connecté et joignable à toute heure que vous gagnerez en efficacité. Au contraire, ce rythme effréné risque de vous épuiser. De plus, à la longue, cela va générer du stress.
Et le stress négatif peut avoir des répercussions sur votre santé :

  • Problèmes cardio-vasculaires
  • Troubles du sommeil
  • Troubles de l’alimentation
  • Dépression
  • Prise ou perte de poids
  • Douleurs musculaires
  • Maux de tête

En répondant à chaque sollicitation, vous perdez en concentration. D’après la loi de Carlson, votre cerveau va avoir besoin de 3 minutes avant de pouvoir se concentrer de nouveau sur la tâche qui mobilisait votre attention.

L’économiste suédois décrit : « tout travail interrompu sera moins efficace et prendra plus de temps que s’il était effectué de façon continue. »*

N’hésitez pas à fermer la porte de votre bureau, vous isoler si vous télétravaillez, couper les notifications ou à mettre votre portable pro en mode avion.

* Livre : Executive behaviour, 1951

Mes nouvelles (bonnes) pratiques

À présent, je propose au plus rapide selon mon agenda.

Et cela diffère d’un mois à l’autre. Je peux être surbookée en février et en plein désert professionnel en mars.  

Comment je fonctionne dorénavant ?

  • J’envoie le catalogue des prestations demandées au prospect
  • S’il est intéressé, je lui envoie mon devis suivant une échéance réalisable décidée ensemble.
  • Je ne commence à travailler qu’à réception du devis signé et des 50% d’acompte.
  • Je n’accepte plus les travaux à rendre en urgence si mon planning est déjà plein.
  • Je n’accepte plus que mon travail soit sous-évalué et sous-payé.
  • Je n’accepte plus de me brader pour avoir des prix plus attractifs dans le but d’élargir ma clientèle.
  • J’instaure des plages horaires sur lesquelles je ne suis pas disponible pour travailler sans interruption.
  • Je ne culpabilise plus de multiplier les micro-pauses régénératrices.
  • J’essaie de prendre du temps pour moi le soir et le week-end donc je ne réponds plus aux appels et aux mails tardifs (même si je peux continuer de travailler sur un projet après 20 heures ou le samedi !)

Et vous ?
Quelles sont les erreurs de débutant que vous avez commises dans votre vie professionnelle ?
Mais surtout, que vous ont-elle appris ?
Quelles bonnes résolutions avez-vous pu ensuite mettre en place ?

2 Thoughts to “Erreurs de débutante et petits conseils…”

  1. Merci pour cette analyse et ces précieux conseils

    1. Merci pour votre commentaire !
      C’est avec grand plaisir que je partage mes faux pas, si cela peut servir 😉
      Je vous souhaite un très bon dimanche.

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